vendredi 31 janvier 2014

Balade insolite et coquine en France - Sur la trace des anciennes maisons closes - 1ère partie

Interdites en France depuis 1946 par la loi dite Marthe Richard, il subsiste encore des vestiges des maisons closes un peu partout en France. 
Sachez qu'en 1945 avant leur fermeture, il existait plus de 195 maisons closes a Paris pour 1150 filles.
Durant l'Occupation, les autorités allemandes soucieuses d'assurer le « ravitaillement » sexuel des militaires et de limiter au maximum les contacts de leur armée avec la population civile féminine décidèrent de réquisitionner quelques maisons closes à Paris. Les services sanitaires de la Wehrmacht furent chargés d'organiser la réouverture et le contrôle sanitaire de ces établissements. C'est le capitaine Haucke commissaire de la Geheime Feldpolizei qui fût chargé de gérer l'activité de la prostitution parisienne. Il affecta d'emblée 5 établissements haut de gamme aux officiers : "les belles poules", "le sphinx", "le chabanais", "le one-two-two" et la maison close située à l'époque au 50 rue Saint-Georges.

A l'époque, toutes les maisons de tolérance de Paris et de province possédaient une insigne distinctive et qui date de la période romaine : une lanterne rouge, ce qui permettait de connaître l’activité des lieux sans mettre une enseigne écrite plus explicite.

Ami(e)s parisien(ne)s vous habitez peut-être l'une de ces anciennes adresses sans le savoir !  

Je vous propose donc aujourd'hui un tour de France historique sur les traces d'anciennes maisons closes (adresses à l'appui). 



Paris

- "La Fleur Blanche" 6 rue des Moulins 75001 Paris - Métro Pyramide 
Ce bordel a ouvert ses portes vers 1890 et était notamment fréquenté par Toulouse Lautrec, célèbre pour sa chambre des tortures. Lieu doté d’un immense escalier en bois pastel et d’angelots féminins sculptés au-dessus des portes.

- "Le Chabanais" 12 rue Chabanais 75002 Paris - Métro Pyramides 
Il s'agit du plus ancien bordel de luxe de Paris, ouvert de 1878 à 1946. Il fût tenu par madame Kelly. Les chambres avaient pour noms : Edouard VII, espagnole, japonaise, mauresque, indienne, chambre russe ou encore les salons Louis XV ou Pompéien.

- "Aux belles poules" 32 rue Blondel 75002 Paris
A cette adresse subsiste encore des faïences qui sont aujourd’hui classées (mais invisibles). A l'extérieur, le carrelage en céramique rouge sang tranche sur la sobriété des façades voisines. A l’intérieur, masqués par des tuyaux, de belles plaques en faïence annoncent clairement la couleur : "Aux Belles Poules".
Ou à quelques pas ...
- "Au moulin" 16 rue Blondel 75002 Paris
Aux courbes et au décor floral art nouveau. 
L’activité de la rue survécut à la fermeture des bordels en 1946, et fut pendant 60 ans le fleuron de la prostitution de rue.


Au Moulin - 16 rue Blondel à Paris


- Maison close au nom inconnu 06 rue du moulin 75002 Paris 
Il reste un escalier magistral en bois et des angelots féminins sculptés sur le dessus des portes. 

- "Chez Christiane" 26 rue Saint Sulpice 75006 Paris 
Lieu de sodomie et de sado-masochisme

- "Miss Betty" 36 rue Saint Sulpice 75006 Paris


- Maison close au nom inconnu 27 rue de l'échaudé 75006 Paris 

- "Le One-two-two" 122 rue de Provence 75008 Paris 
A l'époque, le One-two-two était l'une des plus luxueuses et illustres maisons closes de Paris. Elle était également un cabaret ouvert de 1924 à 1946. Son nom lui vient de son adresse 122. Durant l'occupation allemande -lors de la Seconde Guerre mondiale- il fût un lieu de détente pour de nombreux officiers de l'armée allemande. Fréquenté par la haute société, autant pour y être vu (certains hommes y dînaient avec leur compagne) que pour profiter des charmes de ses "pensionnaires", le One-two-two y vit défiler en autres Léopold III (roi des Belges), Randolph Churchill, Fernandel, Tino Rossi, Sacha Guitry, Jean Gabin, Chaplin, Cary Grant, Humphrey Bogart, Katherine Hepburn, Mistinguett, Marlene Dietrich, Édith Piaf, ... 
Les initiés y pratiquaient « le voyage autour du monde », qui consistait à pratiquer des figures inspirées du Kama-Sutra, dans l'une des vingt-deux chambres. 
Chaque chambre était décorée comme des décors de cinéma et les femmes étaient mises en valeur sur des socles, avec des costumes et des éclairages. Il y avait notamment : La chambre de torture du Moyen Âge -avec carcans, chaînes et fouets-, La chambre des supplices -avec mise en scène de crucifixion-, La cabine de paquebot transatlantique, La cabine de l'Orient Express -avec le son des trains enregistré-, Le grenier à foin, La chambre igloo, La chambre corsaire -avec un lit à baldaquin qui tangue avec le roulis, le mât pour s'accrocher et des jets de paquets de mer à grands coups de seaux d'eau par des assistantes -, La chambre champêtre, La chambre égyptienne avec Cléopâtre, La chambre romaine, ambiance d'orgie de triclinium, La chambre Renaissance avec les courtisanes de François Ier, Les galeries des glaces -comme un petit Versailles avec d'immenses miroirs pivotants- ...



Les cuisines du One Two Two au 122 rue de Provence à Paris

- "A l'Etincelle" rue Mansart 75009 Paris (Montmartre) - Métro Blanche
Actuellement fermé, il a ouvert ses porte en 1941 et tenait plus du cabaret que de la maison close.

- "Le Sphinx" 31 boulevard Edgar Quinet 75014 Paris - Métro Montparnasse
Il s'agissait d'un cabaret bordel trés cher. 
Le Sphinx se distinguait par une architecture et des décors d'inspiration néo-égyptienne.
Pour la petite histoire, Le Sphinx a reprit l’emplacement d’un ancien marbrier funéraire, dont le sous-sol était en communication directe avec les catacombes. Lors de la construction de l’immeuble, une porte permettait un repli discret vers les souterrains en cas de besoin. Cet établissement appartenait à quatre associés, dont Charles Martel, lié aux gangsters Paul Carbone et François Spirito à Marseille, qui exploitent de nombreux bordels sur la Côte d’Azur. Martel confia la gérance du Sphinx à Georges Le Mestre et à sa femme Marthe Marguerite, dite « Martoune », la tenancière. La brigade mondaine surveillaient de près le Sphinx, qui est l’un des plus luxueux bordels parisiens dans les années 30. Des fiches de police, des écoutes et des photographies étaient prises pour surveiller la clientèle.
De cet endroit l'on sait que la maison emploiait 5 sous-maîtresses et 65 pensionnaires en tenue fantaisie. Cette maison de tolérance était ouverte de 15 heures à 5 heures du matin, avec 3 passes par femme et par jour en semaine, 2 le dimanche, pour un tarif unique de 30 francs plus pourboire. Parmis les célébrités ayant fréquenté salons ou chambres de cet établissement : Joseph Kessel, Georges Simenon, Jacques Prévert, Jean-Paul Sartre, Colette, Simone de Beauvoir, Ernest Hemingway, Marlene Dietrich, Errol Flynn, Gary Cooper, ... « Martoune » ajoute dans ses mémoires avoir accueilli Eva Braun, avec des amis en 1932, puis avoir vu Hitler au Sphinx, lors d'une visite éclair à Paris. Après la guerre, le bâtiment fût réquisitionné pour loger des couples d'étudiants convalescents de la Fondation de France. L'établissement a été détruit en 1962 par des promoteurs emportant avec lui ses fresques de Van Dongen et ses décorations égyptiennes.


- Maison closes au nom inconnu 29 rue Joubert 75019 Paris
Pour la petite info, Toulouse Lautrec la fréquenta.  
Elle fût ouverte avant 1857.

- "L’Étoile de Kléber" 4 rue Paul-Valéry 75016 Paris

- "Le Panier Fleuri" 22 rue Bayard  75008 Paris
De nos jours, à cette adresse, vous y trouverez la station de radio RTL

- "Le Fourcy" 10 rue de Fourcy 75004 Paris

- Maison close au nom inconnu 4 rue de Hanovre 75002 Paris

- "Alys" 15 rue Saint-Sulpice 75006 Paris

Ou encore :
39 rue Pasquier (8e arr.)
2 rue de Londres (9e arr.) où Amélie Élie, qui a inspiré le film Casque d'or, a fini sa carrière.
50 rue Saint-Georges (9e arr.)
29 rue Saint-Lazare (9e arr.)
9 rue de Navarin (9e arr.)
11 rue de l’Arcade (8e arr.) qui fut détenu en partie par Marcel Proust
106 boulevard de la Chapelle (8e arr.) - Métro Barbès


Beaucoup de ces immeubles ont été conservés, mais présentent des façades très neutres de nos jours.





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